Atelier 3-4 

Impact de la pandémie de COVID-19 sur la réalisation et la demande de chirurgies électives au Centre Hospitalier Universitaire de Québec – Université Laval

Contexte : Le nombre de patients qui attendent depuis plus de 6 mois pour une chirurgie a approximativement triplé depuis le début de la pandémie au Québec. Le délestage et la modulation des activités hospitalières électives pendant la pandémie ont pu contribuer à cette augmentation (backlog). En parallèle, une réduction dans le nombre de nouvelles demandes pour des chirurgies électives a été observée, puisque certains patients qui auraient consulté un médecin en l’absence de la pandémie ne l’ont pas fait (demande latente).

Objectifs : Cette étude vise à prédire le backlog et la demande latente pour certaines chirurgies électives durant les premières vagues de la pandémie au Centre Hospitalier Universitaire de Québec – Université Laval (CHU de QC).

Méthodologie : Le nombre de chirurgies électives n’ayant pas été réalisé (backlog) ou demandé (demande latente) a été défini comme la différence entre le nombre de chirurgies qui aurait été réalisé ou demandé en l’absence de la pandémie et le nombre de chirurgies qui a réellement été réalisé ou demandé entre le 01/03/2020 et le 30/09/2021 au CHU de QC.

Aurélie Côté-Sergent

M. Sc., Agente de programmation, de planification et de recherche
Collaboration entre le Centre d’opérationnalisation du Coût par parcours de soins et services (CO-CPSS) et le Centre Hospitalier de Québec – Université Laval

Caroline Cotnoir-Majeau

MBA, Agente de programmation, de planification et de recherche
Collaboration entre le Centre d’opérationnalisation du Coût par parcours de soins et services (CO-CPSS) et le Centre Hospitalier de Québec – Université Laval

Les données sur les chirurgies proviennent de la base de données de gestion des informations cliniques et les données opérationnelles proviennent du système de paie de l’établissement. Le nombre de chirurgies qui aurait été réalisé ou demandé en l’absence de la pandémie a été prédit en utilisant un modèle de régression de Poisson (par code d’intervention, pour ceux ayant un volume annuel minimal de ≥100 prépandémie) qui tient compte de certains indicateurs de temps et de la capacité opérationnelle des blocs opératoires (chirurgies réalisées seulement). Les chirurgies réalisées (01/01/2017-29/02/2020) et demandées (01/01/2015-29/02/2020) avant le début de la pandémie ont permis de calibrer les modèles de régressions.

Résultats : Entre mars 2020 et septembre 2021, le nombre de chirurgies électives non réalisé est passé de 1 487 à 23 658, tandis que le nombre de chirurgies électives non demandé est passé de 1 307 à 18 876. Autrement dit, en l’absence de la pandémie, 23 658 chirurgies électives supplémentaires auraient été réalisées et 18 876 chirurgies électives supplémentaires auraient été ajoutées à la liste d’attente de l’établissement. Les chirurgies en ophtalmologie ont été le plus touchées par la pandémie : au mois de septembre 2021, 27,9% et 9,4% des chirurgies non réalisées et 20,8% et 9,1% des chirurgies non demandées étaient liées aux procédures de phakofragmentation et d’excision du vitre, respectivement.

Il faudrait approximativement 32 900 et 22 900 heures de travail aux blocs opératoires pour compléter toutes les chirurgies électives non réalisées ou non demandées, respectivement.

Conclusions : Les résultats de cette étude suggèrent que le nombre de patients en attente d’une chirurgie élective pourrait continuer à augmenter dans les prochaines années, puisqu’un important retard dans la réalisation et la demande de chirurgies électives a pu être observé pendant la pandémie. Les autorités publiques devront donc identifier certaines stratégies qui permettront de réduire ce backlog et cette demande latente, qui pourraient s’accentuer davantage dues aux nouvelles vagues de COVID-19.