Vol 10.4 La face cachée des dépendances
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… il existe, encore aujourd’hui, un malaise
à aborder la problématique de dépendance.
La grande majorité de la population québécoise consomme de manière récréative de l’alcool, de la drogue
ou encore s’adonne aux jeux de hasard et d’argent sans effet néfaste. Une minorité sera touchée par la
problématique de dépendance à des degrés divers entrainant des conséquences, tant pour la personne que
pour son entourage : accidents de la route liés à l’intoxication, décès par suicide, délinquance et décrochage
scolaire, propagation de maladies infectieuses telles que le SIDA et les hépatites ou encore absentéisme et
perte de productivité au travail. Il est aujourd’hui reconnu que les dépendances représentent l’un des principaux
problèmes de santé publique de notre société.
Que l’on soit collègue, patron, membre de l’entourage ou intervenant, il existe, encore aujourd’hui, un
malaise à aborder la problématique de dépendance. Ce qui explique en partie le peu de détection de ces
problèmes ou encore la détection tardive, sans parler de la croyance populaire qui veut « qu’avec un peu
de bonne volonté, on s’en sort ». J’ai eu l’occasion, à titre de directeur général du Centre de réadaptation
en dépendance de Montréal – Institut universitaire, d’écouter le parcours, souvent sinueux, d’hommes et
de femmes qui ont finalement choisi de faire appel à notre établissement pour leur réadaptation. Trop
d’entre eux ont subi les préjugés, la méfiance, l’hostilité et ont été stigmatisés. Ils nous arrivent marqués
par la culpabilité et la perte de dignité, à tel point que les intervenants en dépendance vont chercher à les
« déprogrammer ». Peu à peu, ils finiront par accepter que cette incapacité de s’abstenir de consommer,
malgré les conséquences négatives, s’avère un trouble réel et qu’ils ont droit à un traitement et au respect
comme tout autre être humain.
Quelques articles de ce numéro abordent, d’ailleurs, le parcours des personnes dépendantes dans le réseau,
mettant en relief, entre autres, qu’à peine une sur dix utilisera les services spécialisés en dépendance. Les
toxicomanes vont pourtant, trop souvent, faire partie de nos grands consommateurs de services de santé et
services sociaux.
Ces défis, encore d’actualité, ne doivent pas faire oublier que le réseau a toutefois fait des pas de géant
dans l’aide auprès des personnes dépendantes. Plusieurs articles de l’édition en font l’illustration de manière
éloquente. D’abord, il existe des interventions efficaces en dépendance bien appuyées par un vaste corpus
d’études rigoureuses réalisées au Québec et ailleurs. Ensuite, le Québec s’est doté de centres publics de
réadaptation en dépendance offrant des services de qualité et gratuits. Les centres de réadaptation sont
par ailleurs « sortis des murs » et maintenant situés là où les clientèles se trouvent : urgences hospitalières,
écoles, prisons, tribunaux, communautés autochtones, etc. D’autres ont adapté leurs services à des populations
spécifiques, comme ce CSSS qui intervient auprès des personnes en situation d’itinérance et qui relate
son expérience dans ces pages. Enfin, nous pouvons aujourd’hui compter au Québec sur des orientations
politiques et des balises ministérielles solides en matière de dépendance.
À titre de gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux, nous devons également faire face à
des employés qui présentent des problèmes de dépendance. La référence aux services spécialisés est alors
de mise. Un mythe perdure encore à ce jour à l’effet que la cure fermée soit le seul traitement valable. Il
m’apparait important de rappeler que les recherches ont démontré que des services soutenus en externe
sont tout aussi efficaces que des séjours prolongés dans des ressources avec hébergement. La bonne pratique
est d’offrir la bonne intensité de services après une évaluation rigoureuse des besoins.
Malgré que le financement alloué au réseau de la dépendance reste très en deçà de ce que représente sa
charge de morbidité, ce réseau continue de se réinventer. L’avenir est à l’amélioration de la collaboration
avec le réseau de la santé mentale afin de mieux traiter les troubles concomitants, ou encore à la transformation des pratiques pour mieux intervenir auprès de la clientèle qui présente un profil chronique. Beaucoup reste à faire. La plus grande avancée sera de réussir à détecter le plus tôt possible le problème de dépendance émergeant, avant qu’il n’atteigne un seuil clinique. Chacun peut ici faire un pas dans cette direction
en osant aborder le problème de dépendance chez l’autre. Merci d’aller aujourd’hui à la rencontre de cette
face cachée de la dépendance. Bonne lecture !
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