vol 12.2 Les dimensions critiques de la mise en oeuvre des réformes
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Texte éditorial:
LA RÉFORME SOUS LE SIGNE DE L’AUSTÉRITÉ
Guylaine Desrosiers
Infirmière, MBA, D.h.c.,ASC, consultante
« …le leadership n’est pas l’art d’imposer ses vues personnelles. C’est l’art de cerner les
problèmes dans leur juste dimension, de réunir les acteurs concernés dans le dialogue, de
faire apparaitre les meilleures solutions compatibles avec les préférences de la société et
d’avoir ensuite le génie de les appliquer. »
Michel Venne, Le Devoir, 18-19 août 2012, p. A-8
La réforme du ministre Barrette a réussi à faire l’unanimité
contre elle : son fondement, sa vision, ses objectifs ont fait
l’objet de critiques importantes. Au cours de l’hiver et du
printemps 2016, chaque semaine apporta un nouveau cri
d’alarme. Citons notamment :
• Suicide Action Montréal a dénoncé la perte de sa
subvention annuelle,
• les psychoéducateurs pour les services en Centre
Jeunesse,
• les travailleurs sociaux pour le transfert d’effectifs
en groupe de médecine de famille (GMF),
• les infirmières pour les soins aux ainés en centre
d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD),
• les ergothérapeutes et les hygiénistes dentaires pour
les services aux personnes âgées,
• Me Jean-Pierre Ménard pour les droits des patients,
• l’ex-sous-ministre Paul Lamarche pour l’orientation
à contre-courant des évidences scientifiques,
• un patient pour la restriction des bains en soins de
longue durée,
• l’Institut de recherche et d’informations scio-économiques
(IRIS) pour l’illusion du financement à l’activité,
• la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Confédération
des syndicats nationaux (CSN) pour la privatisation « tranquille »,
• la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
(FIQ) pour soutenir la clinique SABSA.
Henry Mintzberg, professeur de gestion et expert de renommée
mondiale en management des organisations publiques,
a commis un article sur ce sujet dans Le Devoir du 24 février
2016. Il considère que « la réingénierie administrative » dans
le réseau de la santé, en capitalisant sur des fusions régionales
tous azimuts, « pourrait se révéler la plus destructrice
de toutes ». Alain Dubuc, dans La Presse du 4 juin 2016, a
dénoncé l’autoritarisme du ministre et « sa vision traditionnaliste
du système de santé ».
Cette liste n’est pas exhaustive. La rémunération des médecins
a aussi fait souvent les manchettes. Le ministre réagit
en signifiant que le corporatisme nourrit cette grogne. Un
dialogue de sourds s’est installé.
Le ministre Gaétan Barrette demande un acte de foi envers
sa réforme. Qui a tort ? Qui a raison ? La confiance de la population
commence à s’effriter : des patients qui réclament
des soins d’hygiène, tels les bains ou qui paient au noir pour
en avoir, cela devient un enjeu facile à comprendre. Le respect
des personnes vulnérables et la dignité humaine ne sont
pas négociables.
Depuis des années, on explique à la population que la seule
façon de mesurer le succès du système de santé est l’accès
à un médecin généraliste et le temps d’attente dans un
service d’urgence. Elle attend encore que la promesse se
réalise. Aujourd’hui, alors que le modèle communautaire
permettant l’accès à des professionnels diversifiés serait le
plus adapté au défi des maladies chroniques, il ne reste plus
en première ligne qu’un réseau de cliniques médicales. La
prochaine étape ? Le ministre évoque la venue de « mégacliniques
». Seuls les services médicaux échappent au tsunami
budgétaire : en effet, ils bénéficient d’une enveloppe
budgétaire indépendante et protégée. L’expérience de la clinique
communautaire SABSA de Québec – présentée dans
ce numéro – qui répond aux besoins de clientèles atypiques
et vulnérables ne trouve pas grâce aux yeux du ministre.
Dans ce numéro, Patricia Gauthier, PDG du Centre intégré
universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de
l’Estrie, présente ses efforts pour faire émerger une nouvelle
culture organisationnelle. Il faut souligner l’intérêt d’un tel
témoignage ainsi que l’article portant sur une analyse du
même sujet. Les gestionnaires doivent composer avec cette
réforme : non seulement plusieurs ont-ils perdu leurs points
de repère mais, tout en tentant d’établir de nouveaux canaux
de communication, ils doivent « optimiser » les services,
c’est-à-dire réaliser des cibles de redressement budgétaire.
Alors que le ministre assure qu’aucun service à la
population ne sera affecté, les gestionnaires doivent relever
ce double défi.
Au moment d’écrire ces lignes, le gouvernement annonce
des compressions budgétaires en santé de 242 millions de
dollars pour 2016-2017. L’austérité sera-t-elle source d’innovation
? On peut en douter. Souhaitons bon courage aux
gestionnaires qui tenteront encore une fois de faire des
miracles.
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